De James Gray (Little Odessa,The Yards, La Nuit Nous Appartient, Two Lovers)
Avec Marion Cotillard, Joachim Phoenix, Jeremy Renner, Dagmara Domincyk, Angela Sarafyan, Antoni Corone, Jicky Sheene, Gabriel Rush.
Ewa Cybulska, jeune femme polonaise espère commencer une nouvelle vie en Amérique accompagnée de sa soeur mais c'est sans compter sa rencontre avec un proxénète notoire.
The Immigrant marque la quatrième participation de James Gray au Festival de Cannes.
Sa famille ayant émigré de Russie vers les Etats-Unis au début des années 20, le réalisateur nie pourtant toute volonté d'évoquer son passé au travers de son dernier film.
Son cinquième long-métrage déroule le portrait d'une jeune femme polonaise, Ewa, naïve, confiante et sans expérience recherchant comme des milliers de gens de son époque une vie meilleure dans l'Eldorado soi-disant promis des Etats-Unis. Pour sa soeur Madga, malade et menacée d'expulsion sanitaire, Ewa fera l'impossible.
Tombée sous la coupe de Bruno, homme calculateur et qui l'exploite de la pire des manières, Ewa fait montre d'un courage et d'un sacrifice exemplaires. Sa rencontre avec Orlando, le cousin et rival de son souteneur ne va faire qu'accroître les tensions dans ce trio, Bruno étant tombé amoureux d'Ewa.
A travers son héroïne, James Gray réalise un film sur le pardon, la rédemption, la foi qui sauve : malgré les souffrances, les humiliations et la pression psychologique qu'elle subit, Ewa va trouver la force au plus profond d'elle-même de pardonner à celui qui abuse d'elle et la manipule.
L'esthétique du film est notamment inspiré du tableau du peintre américain Georges Bellows Stag At Sharkey's "surtout pour la qualité et la direction de la lumière", précise le réalisateur.
Créé en 1908, le mouvement des Ashcan Painters (Ecole de la Poubelle) - auquel appartient le peintre -, choisit de représenter la vie quotidienne des habitants, en particulier ceux des bas-quartiers de New-York.
Comme le peintre, le réalisateur saisit et fixe des scènes, des moments et parvient ainsi installer une atmosphère très intimiste, remplie d'émotions, propre à Ewa. Dans cet environnement presque naturaliste, le spectateur est au plus près de ses émotions et de ses sentiments. Il plonge dans son univers et vit dans son monde.
On ne peut que saluer l'interprétation éblouissante de Marion Cotillard et la prestation remarquable de Joachim Phoenix.
D'après ce que j'ai pu lire, James Gray est considéré par certains comme l'un des meilleurs réalisateurs de son temps. La reconnaissance se fait hélas attendre. N'ayant pas vu ses précédents films, j'apprécie néanmoins sa conception du cinéma. " Une histoire me vient et j'essaie juste de la retranscrire le plus honnêtement possible, émotionnellement parlant, le reste, c'est de la connerie. Ce n'est que du narcissisme….A mon vis, il faut juste prendre le film qui vit en vous et le révéler au monde. En tant que cinéaste, c'est tout ce que vous pouvez faire. Et que vous devriez faire. Je vous assure, tout le reste n'a pas de sens".
The Immigrant est un grand film, bouleversant d'émotions, sincère et authentique (qui n'a eu que faire d'être ignoré par le Jury de Cannes.)
