
de Neill Blomkamp (District 9)
Avec Matt Damon, Jodie Foster, Sharlto Copley (District 9), Alice Braga (Je Suis une Légende), Diogo Luna, William Fichtner, Wagner Moura, Brandon Auret.
En cette deuxième moitié du XXIIème siècle, l'humanité vit miséreusement entre bidonvilles et favelas, sur une terre ravagée par la pollution et la maladie.
Exilées sur une station spatiale baptisée Elysium, les populations les plus riches mènent une vie aisée et prospère. C'est également sur cette base
très avancée que s'est installé le Gouvernement totalitaire en place, dirigeant à distance et sans refoulant sans pitié les malheureuses navettes clandestines tentant de gagner ce nouvel Eldorado.
L'action se situe dans un Los Angeles aux allures de favelas mexicaines. Dans un environnement dégradé, pauvre et ruiné, vit Max da Costa, homme ordinaire travaillant comme ouvrier dans une usine de droïdes. Se rendre sur Elysium a toujours été un rêve pour cet ancien prisonnier rentré dans le droit chemin.[spoiler]Mais un soudain accident de travail dans la vie de Max va précipiter les choses de façon inattendue…[/spoiler]
Je ne pourrai pas comparer le premier film de Neill Blomkamp, District 9 avec Elysium ne l'ayant pas vu, mais d'après ce que j'ai pu lire, les passerelles entre les deux films sont apparentes.
Le propos d'Elysium est tout à fait actuel dans la mesure où les inégalités entre les pays dits "riches" et ceux dits du "Tiers-Monde" sont très présentes et fortes dans notre société d'aujourd'hui. On se projette aisément dans ce monde du futur certes, mais pas futuriste, du moins, largement crédible pour ce qui est du devenir de la Terre. Il n'est pas besoin de beaucoup d'imagination pour concevoir que dans une centaine d'année, la Terre puisse devenir un lieu dévasté, un immense bidonville où les pauvres luttent véritablement pour survivre et travaillent comme des esclaves pour maintenir une vie d'opulence à quelques privilégiés.
Tourné à Mexico - et Vancouver pour l'environnement des plus riches -, le film décrit donc de façon très vraisemblable et réaliste la situation des plus démunis sur Terre.
Très sensible aux causes humaines, le réalisateur explique sans détour sa vision du monde actuel, n'hésitant pas à être incisif : " Je suis en colère contre les humains, oui. La Terre est devenue un puits merdique . Nous sommes biologiquement faits pour détruire et nous sommes trop stupides pour arrêter. En revanche, ce qui nous rend dangereux, c'est que nous sommes suffisamment intelligents pour inventer des technologies qui amoindrissent les conséquences de notre bêtise. Je suis très pessimiste. Parfois, j'aimerais presque de plus faire partie de la race humaine." Son propos est direct et assez tranché, il faut bien l'avouer…
Dans cet Etat-policier où les populations sont prêtes à tout pour quitter leur vie de misère, Max devient le seul espoir d'une vie meilleure pour l'humanité tout entière. Héros attendrissant, touchant mais aussi fragile et vulnérable, il met toutes ses forces pour combattre la répression et rétablir une justice cruellement anéantie par un Gouvernement inhumain.
Elysium évoque sans aucun doute d'autres films d'anticipation comme Total Recall - Mémoires programmées, sorti l'année dernière où il était question là aussi d'un fossé riches/pauvres matérialisé par une planète dégradée reliée par un ascenseur à une aire privilégiée appelée l'Union Fédérale Britannique. Il rappelle aussi le récent Upside Down où deux mondes aux gravités inversées et économiquement opposés se font face, l'un exploitant l'autre, Time Out, univers dans lequel le temps a remplacé l'argent, créant une caste de riches et puissants séparés des plus pauvres par des zones quasi-hermétiques (par ailleurs, les différents secteurs font penser aux districts d'Hunger Games). On y retrouve également un héros sur lequel repose le fol espoir de bouleverser radicalement l'ordre établi.
A propos du personnage principal, le réalisateur s'explique : " Ce n'était pas un choix diplomatique, non. Je ne l'ai pas engagé en me disant que je pourrai obtenir plus du studio, mais parce-que je voulais montrer aux Américains une version baisée de leur pays. Prendre un visage connu et l'immerger dans un univers dévasté me plaisait beaucoup (rires)".








